Plume doigt

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[Réflexion] Soul Eater (auteur Atsushi Ohkubo) : D'où provient la folie de la peur ?

 

 

Voici quelques années que le manga Soul Eater d'Okkubo Atsushi a fini d'être entièrement publié en France. Au total, nous avons ainsi eu droit à 25 tomes d'une série de type shônen dont le style de dessin particulier, les personnages attachants, et les thèmes intéressants ont contribué à faire parler d'elle.

 

Mais commençons d'abord par rapidement résumer la série pour ceux qui ne connaîtraient pas.

Le monde de Soul Eater ressemble au nôtre. Pourtant, quelques différences majeures sont à noter. L'existence de sorcières, des femmes ayant un animal totem les représentant, ainsi que d'armes démoniaques, des personnes capables de se transformer en une arme. Le shinigami (dieu de la mort) est à la tête de ce monde et se charge de maintenir l'ordre. Il a fondé une école pour que les armes démoniaques apprennent à maîtriser leurs pouvoirs. Pour ce faire, la formation de meisters, des êtres humains normaux ayant appris à manier les armes démoniaques, est tout aussi nécessaire. Les élèves de cette école sont donc répartis par binômes, un/une meister et une arme démoniaque (fille ou garçon). C'est ici que nous retrouvons Maka Albarn, meister spécialiste du maniment des faux, et Soul Eater, faux démoniaque. Leur but, transformer Soul en Death Scythe, une arme plus puissante que la normale. Pour ce faire, Soul doit ingérer l'âme ternie de 99 criminels ainsi que l'âme d'une sorcière. Les voila partis en chasse !

 

Comme dans tout shônen qui se respecte, la conception du bien et du mal au début du manga est très binaire : méchants d'un côté, gentils de l'autre. Les méchants sont les criminels et les sorcières. Les gentils sont les élèves de Shibusen (nom de l'école) ainsi que le maître shinigami.

Mais pourquoi les méchants sont-ils méchants ? La raison est plus intéressante que le simple "parce qu'ils sont méchants".

Dans Soul Eater, les méchants sont méchants car ils ont succombé à la folie. Avant de sombrer, eux aussi étaient gentils. La folie guette. Il n'est pas assuré que le gentil d'aujourd'hui soit le gentil de demain. Cela ne prend qu'un claquement de doigt pour rejoindre le côté obscur des âmes.

Rapidement, Maka et Soul, ainsi que leurs amis, se rendent rapidement compte que leur pire ennemi n'est autre qu'eux-mêmes.

Chaque faiblesse de leur caractère peut les faire trébucher et les perdre.

 

Atsushi Ohkubo divise rapidement la folie en plusieurs catégories qui correspondent plus ou moins au 7 péchés capitaux.

 

La folie de la luxure.

La folie de la gourmandise.

La folie de la paresse

La folie de la colère.

La folie de la jalousie.

La folie de la cupidité.

La folie de l'orgueil.

 

La folie de la peur.

La folie de l'ordre.

La folie du pouvoir.

 

Chacun de ses concepts peut amener à la folie. Et c'est ma foi très intéressant. Nous n'avons pas l'habitude de considérer le péché comme une folie. Oh, on nous dit bien que c'est folie de comettre un péché, mais on nous pousse surtout à nous sentir coupable lorsque l'on pèche. Du coup, l'aspect psychiatrique de la notion de péché passe complètement à la trappe. Pourtant, si l'on y réfléchit bien, on finit par voir en quoi le péché quel qu'il soit est une maladie mentale. Certes, nous péchons tous, et nous ne sommes pas tous dans un asile psychiatrique. Mais cela veut-il dire que nous allons bien dans nos têtes ?

Les guerres sur le globe. La France, premier pays du monde à être en dépression, etc.

Et si la gourmandise était une maladie mentale ? Et si l'orgueil était une maladie mentale ? Considérons juste ce point de vue : dès que je suis jaloux, je deviens malade mental. Dès que je me mets en colère, je suis un malade mental. Dès que je cherche la luxure, je suis un malade mental, etc.

 

À côté de ces 7 péchés capitaux, Atsushi Ohkubo rajoute la peur, l'ordre et le pouvoir. Ces trois notions sont à part, et elles ne font pas partie de la liste des 7 péchés capitaux. Pourtant, les folies qu'elles représentent sont primordiales dans ce manga. Elles sont pour ainsi dire mises à l'honneur par le mangaka. L'ennemi principal du manga, le grand dévoreur, est celui qui distille la folie de la peur. La peur est, comme on l'a dit, le grand ennemi des élèves de Shibusen. Elle est ce qui fait plonger le monde dans la folie.

Ici, j'ai l'impression qu'il me faut tout de même faire cette remarque. Dans le manga, peur, ordre et pouvoir sont séparés. Pourtant, à mon sens, les trois sont liés. Ou plutôt, ordre et pouvoir ne sont que des déclinaisons de la peur.

On le voit dans l'histoire, certains personnages plongent dans la folie par peur de se confronter aux autres, et recherchent ainsi le pouvoir d'imposer leur propre ordre au monde. Certes, d'autres personnages basculent dans la folie de l'ordre ou du pouvoir sans passer par la peur, mais je ne vois pas comment on peut désirer l'ordre ou le pouvoir  au point d'en faire une obsession sans avoir peur de quelque chose.

 

D'où ma petite réfléxion du jour. Nous avons parlé du fait que le péché pouvait être vu comme une maladie mentale. Mais qu'est-ce qui provoque cette maladie mentale ? Qu'est-ce qui fait que nos esprits sont malades ?

Quelqu'un m'a un jour dit : il n'y a que deux pensées à l'origine de tout dans l'univers. L'amour ou la peur.

L'amour serait ainsi la pensée avec laquelle notre esprit est dans un état normal, tandis que la pensée de la peur nous fait dérailler dans la folie du péché ?

Si l'on tient pour vrai cette proposition, alors la folie serait une simple pensée de peur.

J'ai peur, je suis fou. Ou plutôt, je suis fou d'avoir peur !

Qu'est-ce que la peur au final ? Que se cache-t-il derrière la peur ? Quelle est la raison d'être de la peur ?

 

Une fois, je me suis rendu compte que j'avais peur de décevoir un ami pour une raison stupide que j'ai oubliée. En analysant sur le coup la raison de cette anxiété, je me suis apperçu que j'avais peur de décevoir, non pas mon ami, mais plutôt moi-même. J'avais peur de ne pas réussir et de manquer de me prouver à moi-même que je pouvais y arriver. Je voulais ainsi prouver que je pouvais me débrouiller tout seul, sans l'aide de personne.

Si je reçois de l'aide, je suis un minable. C'est la pensée qui se cachait derrière ma peur.

Mais recevoir de l'aide de qui ? À qui voulais-je montrer que je pouvais me débrouiller tout seul ?

J'étais seul chez moi. Je n'avais physiquement personne à qui prouver quoi que ce soit.

 

Il est dit dans la théologie chrétienne que Jésus-Christ est le sauveur de l'humanité. Ce qui implique qu'en dehors de lui, sans son aide (donc l'aide de Dieu), personne ne peut arriver à trouver le Paradis, à trouver la paix et la joie véritable. Sans Dieu, quoi d'autre que l'enfer ?

Je voulais certes me prouver que je pouvais le faire. Mais plus que tout, je voulais prouver, montrer à Dieu que je pouvais me débrouiller sans son aide. Et j'avais peur de ne pas y arriver, parce qu'au fond, toute personne sait qu'elle est faible et incapable de faire les choses parfaitement.

J'en suis arrivé donc à cette conclusion : la racine de la peur se trouve dans la volonté de vivre sans l'aide de Dieu, dans la volonté de Lui prouver que l'on sait faire tout, tout seul.

Aussi, je peux le dire, je suis fou d'avoir peur.

 

Alors, qu'est-ce qui provoque la maladie mentale dans mon esprit ? La peur. La peur de ne pas y arriver seul. Et donc, l'orgueil et la prétention de pouvoir réussir à vivre sans Dieu, à se passer de Son aide.

Et comme l'espèce humaine possède à mon sens une nature commune, il est de mon avis que cet orgueil et cette prétention se retrouvent chez absolument tout le monde.

Aussi, nous sommes malades mentalement, car nous avons peur de ne pas réussir sans Dieu, tout en faisant tout pour vivre sans lui...

Dis comme ça, notre façon de fonctionner est complètement illogique et tordue. Nous nous efforçons de vivre sans Dieu, tout en reconnaissant indirectement de par la peur que nos tentatives engendrent que nos essais sont voués à l'échec. En effet, qui peut réussir sans l'aide de Dieu ?

Nous marchons sur la tête. Nous sommes donc bien fous.

 

Quoi qu'il en soit, merci à Soul Eater pour m'avoir donné l'opportunité de cette petite réflexion.

 



09/03/2019
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