[Critique] Les Éveilleurs (autrice : Pauline Alphen)
C’est dur d’expliquer pourquoi Les Éveilleurs est une série que je trouve personnellement géniale. Probablement parce que les raisons en sont multiples, et pas forcément faciles à transcrire sous forme de mots. Mais je vais faire de mon mieux.
J’ai découvert cette série quand j’avais 16 ans (il y a donc sept ans de cela). Je flirtais alors avec le rayon fantastique et science-fiction de la bibliothèque municipale à la recherche d’une nouveauté qui me plairait. Et je suis tombé sur le premier tome des Éveilleurs.
C’était alors la version du tome selon la couverture Hachette où l’on voyait deux jeunes adolescents, l’un en méditation, l’autre debout, avec un lien doré les unissant dans un environnement naturel où un château se dessine en arrière-plan. Le titre m’avait pour tout dire déjà appelé. Les Éveilleurs. Un titre des plus singuliers, et des plus mystérieux. Car il sous-entend qu’au moins deux personnes sortent du sommeil une ou plusieurs personnes qui n’ont jamais connu que le rêve. Moi qui à l’époque m’intéressait au bouddhisme, j’étais déjà prédisposé à aimer le titre et sa signification si profonde. Bien entendu la couverture n’a fait que renforcer ma curiosité.
Et sa lecture… Sa lecture a été quelque chose de singulier. C’était la première fois que je lisais un livre qui me donnait les sensations que cette série m’a donné.
Pour commencer, l’ambiance. Pour une série pourtant post apocalyptique, il se dégageait une ambiance extrêmement écologique et surtout douce et paisible. Les personnages de la série affrontent tous la vie avec ses difficultés, et pourtant j’ose dire que la guerre est absente de cette série. Il n’y a pas d’ennemis déclarés avec Les Éveilleurs. Aucun antagoniste ne vient véritablement (pour l’instant) s’incruster dans l’histoire. Oh, il y a bien une vague menace, une rumeur lointaine de gens qui ont des objectifs destructeurs pour le monde de Salicande et les gens qui y vivent. Pourtant, malgré cette rumeur lointaine, et quelques scènes de bataille, j’ose dire qu’il n’y a pas de guerre, pas de conflit et pas d’antagoniste. Le livre ne montre pas les combats comme quelque chose d’inévitable. Le pacifisme et la légitime défense sont mis en avant. Les personnages sont des sortes de « guerriers pacifiques ».
Cette série réussit le tour de force de créer une histoire passionnante sans avoir recours à la figure de l’antagoniste. Une série en paix.
Dans cette atmosphère pacifiste se retrouve mêlé tout ce qui découle selon moi de la paix : un sentiment général de sérénité, d’humilité et de joie.
Car la joie se retrouve aussi clairement visible à travers les pages de cette série. Elle transparaît à travers les lignes, entre autres dans les descriptions poétiques de la nature, à travers les carnets de voyage des Nomades de l’Écriture, et à travers les personnages des élémentaux. Les personnages humains sont bien sûr confrontés à des problèmes tant extérieurs qu’intérieurs, pourtant la joie quasi intangible qui imprègne l’univers de Salicande vient les sauver, les tirer de leur léthargie, les éveiller de leurs sombres rêves de tristesse et de solitude. Quand j’y pense, cette joie que j’essaye maladroitement d’expliquer se retrouve manifestée dans l’histoire à travers les élémentaux. Ils sont à mes yeux les réceptacles manifeste de cette joie qui se ressent à travers les pages de l’histoire. Ils sont les petits éveilleurs à l’intérieur de la série qui transcendent les dimensions et transmettent la joie aux lecteurs réceptifs.
Cette joie se retrouve aussi à travers l’écriture ; l’écriture tant à l’intérieur du roman que l’écriture de l’auteur de l’histoire elle-même. Toute la symphonie des Éveilleurs est un hymne constant au voyage que représente l’écriture, qu’elle soit faite de prose, de poésie, ou d’autres choses. La série est une poésie intégrale dédiée au métier d’écrivain et à son art. La série entière témoigne ainsi, et entre autres, de la joie renouvelée qu’éprouve sans doute Pauline Alphen devant son métier d’écrivain, et son activité d’écriture. C’est un peu comme si la série, à la manière d’un miroir, reflétait l’amour qu’elle a reçu lors de sa conception, non seulement à sa créatrice, mais aussi et surtout aux lecteurs qui la liront.
Tout au long de la lecture des tomes de cette série, j’ai pu ressentir tout l’amour que contient ces lignes. J’ai vraiment perçu, sans trop savoir comment, avec quel soin chaque ligne avait été écrite. Je me souviens avoir fini le premier tome et avoir pensé : je suis sûr que Pauline Alphen aime ce qu’elle crée, et que son travail la rend heureuse en retour.
En conséquence, la lecture de cette série ranime toujours en moi le désir d’écrire, non pas en imitant le style d’écriture de Pauline Alphen (inimitable je crois bien), mais en ayant un fond à l’image de ce que cette série transmet : l’amour.
Cette série me rappelle toujours ce qu’est l’écriture : un voyage libre car librement consenti. Un voyage qui se fait en étant heureux, et dont le seul but est d’être heureux.
Bien entendu, il existe des éléments plus concrets de l’histoire que je trouve aussi très bien faits. Les pages décrivant le futur anticipé et sa civilisation globale du jeu est pour moi d’une grande pertinence, car on en retrouve des signes éparses de ci et de là à notre époque. Les personnages, tous plus attachants les uns que les autres. (Mon personnage préféré est Blaise, auquel je me suis peu ou prou identifié sur certains points.) La société salicandaise utopique qui donne une telle atmosphère de simplicité et d’écologisme, et que j’aimerais bien voir un jour de mes propres yeux…
Mais tout cela n’est que l’aspect extérieur du roman. Il est la forme que prend l’histoire. Un vêtement. Si le fond était différent, sûrement cette série ne m’aurait pas autant marqué.
Oui, Les Éveilleurs est une série qui m’a énormément apporté. Mon envie d’écrire s’est trouvé renforcée. Ma calligraphie a trouvé sa forme définitive (jusqu’à présent) en découvrant la calligraphie des cahiers des Borges (celle de la première version Hachette du premier tome). Mais plus que tout, c’est ce fond si débordant de paix, de joie et d’amour qui m’a profondément marqué. Cette série, tout comme ce que veulent les élémentaux dans la série, a su éveiller quelque chose en moi : comme un souvenir, une sorte de réminiscence de ce que peut être l’immensité de la joie, de la paix, de l’amour.
J’aimerais vraiment remercier Pauline Alphen pour son travail formidable, ainsi que Hachette, qui a bien voulu éditer cette perle, et qui craint bien inutilement pour le lectorat. D’une part parce que je crois que les fans se souviennent sans peine de cette incroyable série qui en conquerra encore de nombreux. D’autre part parce que les Éveilleurs remplissent très bien ce qu’ils sont venus faire.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 6 autres membres