Plume doigt

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Les religions - Le christianisme. Partie 1 : le christianisme n'existe pas.

J'ai décidé de continuer sur les religions, car je me rends bien compte que c'est le sujet sur lequel j'ai le plus réfléchi de mon propre mouvement sans l'aide de personne depuis mon adolescence. Et quand je vois le nombre de visites sur l'article général que j'ai écrit sur le sujet, je me dis que le sujet intéresse. Normal vous me direz, quand on voit que c'est un tabou national, quelque chose de tellement privé que l'afficher sur la place publique est presque impudique.

Et à ce sujet, avant de commencer à entrer dans le vif du sujet de cet article, j'aimerais faire part d'une réflexion personnelle sur les religions et la façon dont on traite le sujet publiquement en France.

 

Les religions, il est vrai, sont des outils de contrôles sociaux. Ils permettent d'instaurer un ordre hiérarchique social, et un système moral qui dicte aux gens ce qu'il faut penser et faire. En ce sens, cela peut être vu comme une prison où la pensée libre se meurt. Mais cela peut être aussi vu comme une protection efficace contre le chaos, et donner un sens à la vie. Et je me dis que si l'on acceptait d'enseigner publiquement les différents dogmes religieux à la population, sans faire de préférence, cela contribuerait peut-être à former une société plus solide et résistante aux dégénéressences morales que l'on voit dans tout l'Occident.

Mettons-nous d'accord sur la portée des termes. Qu'entends-je par "dégénéressences morales" ? Tout simplement le phénomène d'abrutissement latent en cours dans nos sociétés ayant accepté le modèle occidental. On constate dans les pays développés qu'une certaine frange de la population devient à chaque génération plus "animale", avec moins de réflexion et plus d'instincts primaires. Typiquement, on entend sur internet parler de phénomènes de lynchages collectifs d'individus par d'autres, d'harcèlements moraux, etc. Et on constate que ceux qui participent à ces activités sont généralement des "kikoo lols", des "jean-kevins", des utilisateurs de Twitter "la poubelle du net". Et on critique ces gens comme étant des personnes "qui ne réfléchissent pas".

Je ne prétends pas qu'enseigner publiquement les dogmes religieux soit la solution qui guérira le problème. Mais j'espère que cela puisse y contribuer. Que l'on trouve ça "castrateur" ou non, la peur d'une rétribution divine après la mort peut servir à réfréner les comportements instinctifs de destruction et de mort. C'est un début sur ce que j'appelle "la voie vers l'humain". Cela vaut mieux que ce que je vois ou devine chez certains de mes compatriotes.

Peut-être que les dogmes religieux enseignés dans leur diversité de façon plus exhaustive qu'un simple survol, et par des passionnés de fait religieux (oui, ça existe), pourront inciter davantage de monde à réfléchir et à méditer sur l'univers ?

 

Enfin bref, vous aurez deviné que je viens de vous expliquer pourquoi je prends la peine d'écrire encore sur le sujet. Je me considère comme un passionné des dogmes religieux, de leur histoire, et de leurs implications sur l'univers, et je cherche à vous la transmettre.

 

Et à ce titre, j'aimerais commencer par la religion que je connais le mieux, et qui va parler à beaucoup de monde : le christianisme.

Tout d'abord, mettons nous d'accord sur une chose importante. Du point de vue dogmatique universel, LE christianisme n'existe pas, contrairement à ce que beaucoup aimeraient. Il existe en revanche DES sectes chrétiennes. Ces sectes ont deux choses qu'elles ont toutes en commun : la figure du Christ, et la Bible. C'est strictement les deux seules choses sur laquelle on ne peut revenir si l'on veut entrer dans le club des différentes sectes chrétiennes. Sans cela, impossible de s'appeler "chrétien".

Pourquoi le christianisme en tant que religion unifiée n'existe pas selon moi ? Et bien tout simplement parce qu'il n'existe pas de dogme unifié commun. C'est simple. Même la figure du Christ, commune à toutes les sectes, n'a pas le même sens selon que l'on est dans telle secte, ou dans telle autre.

Certes, toutes reconnaissent que Jésus est le Fils de Dieu, sauveur du monde. Mais que veut dire "Fils de Dieu" ? Selon les sectes chrétiennes, la doctrine de la Sainte Trinité n'aura pas la même portée, ou le même rôle. La branche orthodoxe reconnaît que le Fils envoie le Saint Esprit que le Père a créé aux hommes, tandis que les branches catholiques et protestantes pensent que le Fils co-crée avec le Père le Saint Esprit avant de l'envoyer aux hommes.

Détail pour la plupart des fidèles qui n'entendent rien aux implications cosmologiques que cette simple différence induit. Mais pour ceux qui y sont sensibles, c'est comme si certains disent que la Terre est ronde, alors que d'autres disent qu'elle est plate. Toute la doctrine du Salut de l'humanité peut être remise en question avec cette simple divergence !

Pour donner un exemple qui a un peu plus de poids auprès de ceux qui, à raison, n'y voient qu'un détail insignifiant : le polythéisme que l'Islam reproche aux chrétiens est plus tangible avec la branche catholico-protestante qu'avec la branche orthodoxe. Les orthodoxes en effet définissent clairement une Personne créatrice dans la Sainte Trinité : c'est le rôle du Père et de lui seul. Les catholiques et protestants, eux, accordent un rôle de créateur au Fils, qui est lui-même une Créature du Père... On comprendra que ceux qui tiennent au monothéisme y voient une perversion.

Cette simple divergence dogmatique est un fossé gigantesque. Rien qu'avec cela, nous avons déjà deux christianismes divergents. Le Credo catholique n'est pas le même que celui orthodoxe !

 

Et ceci, ce n'est que pour la doctrine de la Sainte Trinité ! Mais si nous abordons la figure du Christ, alors laissez-moi vous dire que l'on n'est pas sorti de l'auberge. Simple petit exemple. La majorité des sectes chrétiennes sont, qu'elles en aient conscience ou non, des sectes dyophysites. C'est-à-dire qu'elles croient que Jésus-Christ est à la fois, et séparément, homme et Dieu. Pour elles, le Christ combine en lui, de façon séparée, et la nature humaine, et la nature du Fils de Dieu. Cela a permis de développer une doctrine du Salut selon laquelle l'humanité entière est sauvée du pêché car Dieu lui-même est venu relever la nature humaine déchue de l'homme Jésus de Nazareth, ce qui invisiblement a ouvert une porte de sortie hors de la déchéance pour toute l'humanité.

Or, toutes les sectes chrétiennes dans le monde ne sont pas d'accord sur le sujet. Si l'on regarde la secte chrétienne dite des Églises des Trois Conciles (arménienne, syro-jacobite et copte), celles-ci sont monophysites, c'est-à-dire qu'elles croient que la nature du Christ est une, que la nature humaine et divine de Jésus est unie en un tout parfait, sans véritable séparation.

 

Oui, tout cela est certes pointilleux et ennuyant. C'est parce que pour les fidèles lambdas, il est moins important de savoir "comment" le Christ peut sauver le monde, que de savoir qu'Il le sauve ou non. L'important, c'est de croire. Pas de comprendre comment.

J'ai l'air de mépriser cette attitude irréfléchie vis-à-vis du dogme, et certes, j'ai du mal à comprendre comment on peut rester à croire sans se poser de questions sur le comment. Non pas que j'aie personnellement besoin d'avoir des preuves pour croire. Simplement, je suis naturellement curieux. Et j'éprouve aussi du respect et de l'admiration envers ceux qui croient simplement, sans avoir besoin de chercher. Ils ont une Foi simple, et c'est beau.

 

Et puis, il y a les divergences dans l'organisation des communautés de fidèles. Plus les sectes sont anciennes, et plus généralement elles tendent vers un système hiérarchique complexe. Les sectes orthodoxes, catholiques, et certaines sectes protestantes se reposent sur un clergé organisé hiérarchiquement. À savoir que les rôles et compétences des différents degrés hiérarchiques ne sont pas les mêmes selon ces sectes. La plus connue étant la discorde concernant le rôle du Pape dans la communauté des chrétiens. Je tiens d'ailleurs à dire qu'à la lumière de mes connaissances sur le sujet, il est clair que l'objectif de la Papauté de Rome a été, et est toujours d'établir une Religion mondiale à la tête de laquelle le Pape serait le hiérarque universel. Dans le passé, le Vatican a utilisé la force des armes. Désormais, il utilise la force du dialogue, de la fausse tolérance "oecuménique", voire pourquoi pas de la corruption. C'est simple. Le catholicisme romain devient de plus en plus un melting pot religieux où tout le monde pourrait trouver son compte. On y trouve même des cardinaux qui prêchent quasi ouvertement que Jésus est une figure symbolique dont la dimension historique doit être remise en question (Autrement dit, ils disent que Jésus n'a pas réellement existé). Rappelons pour terminer sur cette parenthèse, que ce n'est pas un hasard si cette secte "chrétienne" se dénomme catholique. Ses ambitions de domination mondiale sont effectivement très catholiques, étant donné que "catholique" veut dire "universel" en Grec.

 

Mélange de l'alpha et de l'omega ainsi que du Khirô, tout deux des symboles du Christ. Ce qui est troublant, c'est que APXO (arkhô) veut dire "Je domine" ou "Je commande", ou "Je règne" en Grec ancien.

 

Je vais m'arrêter pour le moment sur le sujet. Je n'aurais finalement abordé que la dimension universelle des sectes chrétiennes dans leurs différences. J'aborderais prochainement ce que je pense du christianisme de façon globale.

Je me bornerai pour l'heure à dire ceci. Le fait d'avoir pointé les divergences innombrables et énormes entre les différentes sectes chrétiennes, parfois avec un ton assez critique, peut laisser penser que je suis au moins réservé envers ce courant religieux. Et je le suis effectivement d'une certaine façon. Trop de choses mauvaises se sont produites en deux mille ans d'histoire pour que ce système religieux quel que soit sa secte m'inspire une dévotion et un respect sincère et sans tâche. J'apprécie des aspects du christianisme en fonction de la secte sur laquelle je me concentre sur le moment. J'apprécie par exemple le respect du sacré chez les orthodoxes. J'apprécie dans une certaine mesure le côté évolutionnel et "en mouvement" du dogme chez les catholiques. J'apprécie la responsabilisation individuelle de tous les fidèles face à leur propre Foi qu'il y a dans les sectes protestantes. Mais aucune n'est parfaite. Aucune ne mérite mon respect, ma soumission inconditionnelle.

Ce que je veux dire, c'est que le christianisme en tant que religion est gérée par des hommes. Non par Dieu. Dieu n'est pas caché derrière le christianisme. De là vient ma distanciation d'avec les différentes églises chrétiennes.

En revanche, j'ai un profond respect pour la personne du Christ, quelle que soit sa vraie nature. Je tiens pour vrai les paroles du Christ que l'on peut trouver dans le Nouveau Testament, ainsi que son histoire générale. C'est pourquoi, si l'on se met d'accord pour dire que "chrétien" veut dire "disciple du Christ", alors oui, j'espère qu'après ma mort, On me dira que j'ai mérité ce titre.

 


25/04/2020
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Le respect

Tu sais, Léo, ce n'est pas que les êtres humains soient mauvais. En chaque être se trouve la fleur et l'ordure. Et l'ordure, tout autant que la fleur, mérite ton respect.

Combien, Léo ? Combien d'êtres humains se mutilent devant l'ordure qu'ils sentent en eux ?

Les drogués, les désespérés, les suicidés. Vois-tu la légion humaine des auto-damnés ?

Alors garde ton coeur ouvert, Léo, le plus possible.

Vis avec le respect du genre humain, Léo. Car si le respect te quitte, qui te gardera des insultes de ton esprit devant ta propre misère ?

 

Sans le respect, tu deviendras ton plus grand bourreau, Léo. C'est le respect qui te donne la capacité à traiter humainement.

Sans le respect, qu'est-ce que sera l'homme à tes yeux, sinon un animal ?

 

Garde toi aussi de vénérer de faux concepts idéalisés, Léo. Si tu respectes davantage la paix que l'homme, tu craches sur l'homme.

Si tu respectes le fort, tu craches sur le faible.

Garde ton respect loin des concepts, Léo. Respecte le genre humain. Respecte particulièrement ceux qui ne savent même plus se respecter eux-mêmes.

 

On veut nous faire croire, Léo, que l'humanité est indigne de respect. Insurge toi devant une telle volonté : on essaye de te déposséder du respect que tu te portes. On veut faire de toi un animal, une bête ! Le respect est tout ce qui peut te préserver de la bête stupide.

Alors, respecte le lâche, respecte l'ignoble, respecte le traître, respecte le menteur, respecte le pollueur.

Respecte le raciste, respecte le pédophile, respecte l'assassin.

Respecte les tous, Léo, car ainsi tu te respectes toi-même.

Respecte les, Léo, car tu refuses de te haïr.

Respecte les car tu seras ainsi un résistant à l'oppression du monde.

Respecte autrui Léo, comme tu voudrais que l'on te respecte. C'est en effet toujours en donnant que l'on reçoit.

 

 

 

Qu'il est dur, Léo, d'être celui qui souffre de ce qu'il croit être.

Méfis-toi, Léo, de ce que tu crois être. Car ce sont des croyances. Et la vérité et la croyance sont ennemies incompatibles.

 

En fait, Léo, il importe peu de savoir ce que tu crois être. C'est faux dans tous les cas.

 

"Je crois que je suis" ne signifie pas que je suis. "Je suis" est la seule vérité vraie. Tout le reste découle de cette vérité immortelle et est donc relative, mortelle.

"Je suis un assassin". Dès que le "Je suis" se retire, que peut-être un assassin ? Je suis une ordure seulement tant que je veux l'être, Léo. C'est là le secret.

Ordure, saint, homme, femme, enfant, adulte... Si je cesse d'être ceci, alors je suis cela.

 

Et toi Léo, que veux-tu être ?

 


15/03/2020
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La vie est vide

Tu sais, on oppose souvent le plein, et le vide.

Le plein est ce qui est connu, le vide est ce qui est inconnu. De fait, le plein est souvent perçu comme rassurant, tandis que le vide fait peur.

Quelque part, nous passons notre vie à essayer de la remplir afin de lui donner un sens. On cherche à s'accomplir, à travers la vie amoureuse, la vie professionnelle, la vie familiale.

On voit les succès de certains, et on les envit, on les jalouse. On les voit davantage remplis que nous-mêmes. On se dit : "qu'est-ce que ça me ferait si j'étais aussi rempli que lui".

Quelque part, on se sent comme un espace à remplir d'expériences, de sons, de lumière et d'émotions. Mais ce n'est jamais assez. Le jour de la mort vient, et l'on se demande alors ce que l'on a fait de sa vie. On se rend compte que l'on n'a pas vécu. On a accumulé les expériences et les explorations, mais est-ce que ça change quoi que ce soit au final ?

Au final, qu'est-ce que la vie, si ce n'est la promesse de la mort ? C'est-à-dire, la promesse éternelle du vide ?

Nous qui désirons le plein, en définitive, n'est-ce pas comme jeter du sable dans un trou sans fond ?

 

Ceux qui croient en Dieu, ou en une quelconque existence après la mort, sont souvent vus comme des gens cherchant à combler leur peur de la mort. C'est indéniable.

Mais ces derniers temps, je ressens comme une futilité. Tout semble vide de sens, tout semble relatif. Tous les objectifs que je peux me donner, tous les aspects de ce monde, même les concepts religieux, et ce jusqu'à la présence de la Beauté. Tout m'apparaît comme vide.

Le rien. Il n'y a rien.

Et curieusement, ce néant de tout ce qui avait un sens m'apparaît comme une purification nécessaire, une marche supplémentaire vers la Beauté.

Tout comme Marie Noël a découvert dans sa Foi un Dieu sombre et cruel à travers son expérience de la Première Guerre mondiale, cette expérience du vide m'apparaît comme la face sombre de tout ce que je voyais jusqu'à présent.

Je regarde mes tentatives d'ordonner le monde à travers la Foi, et j'y vois une fourmi courant sur une chaussure d'être humain.

Je voyais la Beauté comme un existence concrète qui donne du sens à la vie via sa présence immuable. Aujourd'hui je vois sa présence comme une négation absolue de tout sens à la vie.

Oui, la Beauté est aussi plein que vide.

Le vide contient de la Beauté lui aussi. Car c'est dans le vide de tout que l'on rencontre la Conscience pure.

 

L'esprit débarrassé de tout tracas et ennui de la vie quotidienne se découvre une Liberté d'être que seul le vide peut donner. Nous pouvons voir ça comme une pièce vide de tout contenu opposée à une pièce remplie à ras bord d'objets en tout genre. Comme les mouvements sont aisés dans la première ; comme les mouvements sont compliqués dans la seconde !

 

 

La prière vise au dépouillement de l'âme humaine. La Bible parle d'un fardeau à poser. Ce que l'on pose, c'est "qui l'on est", ou plutôt "qui l'on croît être". On enlève les différentes couches de vêtements que l'on porte pour finir nu devant la Présence pleine et vide de la Beauté.

La prière évide l'âme. Elle ronge l'ego humain comme un castor ronge le tronc d'un arbre. Non pas pour l'annihiler. Simplement pour le rendre docile, harmonieux, propre au ressenti spirituel de la Beauté.

 

https://www.youtube.com/watch?v=N-Yzr1FgaW4

 

Confronté au vide intrinsèque de mon existence, la prise de conscience est immédiate. Tout ce que je suis dans cette vie est moins que du vent. Pour autant, Je Suis, encore et toujours.

Alors quel est mon but, si tout ce que je me fixais comme objectif est insensé ?

 

Commencer à créer de l'Amour pour son prochain dans cet état de vide intrinsèque. Voila quelque chose qui me semble encore dur, mais faisable. À vrai dire, cela apparaît comme un sportif qui tente de soulever des haltères. Au début, l'on ne soulève à peine que 2 kilos. Puis tu soulèveras des montagnes.

L'âme humaine qui a tout perdu, que lui reste-t-il sinon la capacité d'aimer, qui est propre à la Beauté dont nous sommes issus ?

 


19/02/2020
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[Commentaire] Le Royaume de Pierre d'Angle (autrice : Pascale Quiviger)

Il est rare de tomber sur des livres qui transpirent une douce atmosphère de plénitude et de simple poésie. C'est pourtant le cas de cette série, encore inachevée à l'heure où j'écris ces lignes.

 

 

Le Royaume de Pierre d'Angle nous raconte l'histoire d'un minuscule royaume insulaire de l'hémisphère nord, royaume proche de l'utopie de par sa société socialiste tout en étant monarchiste et traditionaliste.

Tout commence avec le prince Thibault de Pierre d'Angle, parti en exploration maritime, avec son fidèle équipage. Ces derniers accostent sur une île des mers du sud et repartent avec une passagère clandestine, Ema. Le destin est en marche, car leur retour à Pierre d'Angle va mettre en route une série d'événements singuliers...

 

Le résumé de l'histoire est certes fort concis. Vous n'aurez qu'une très vague idée de ce dont le premier roman va parler. Et surtout, vous êtes privés de l'atmosphère du roman, si particulière et si difficile à expliquer. C'est pourtant ce que je vais essayer de vous expliquer.

 

Le style d'écriture de l'autrice est un bon départ pour expliquer l'origine de la poésie de cette histoire. Je puis dire que Pascale Quiviger a une écriture assez directe, franche. Pas de fanfreluches ou d'éléments surajoutés pour embellir l'histoire via le verbe. Non, juste une description simple des rapports humains, des événements, des manifestations de la nature, des phénomènes moins naturels, des pensées. Parfois, le narrateur devient omniscient et nous prédit des morceaux d'événements futurs, ce qui correspond bien à la nature "fantasy" du roman.

On sent toute l'importance qu'accorde l'autrice aux événements, ce qui se passe dans son roman. Toute scène est écrite avec une attention, un soin, un amour de la narration que le lecteur peut ressentir.

 

Et puis, il y a les thèmes importants de l'histoire aux yeux de l'autrice. La nature et son harmonie intime (la mer, les plaines, les grottes, les montagnes, les forêts). Les traditions d'un pays et les coûtumes de son peuple (la fondation du royaume, les traditions monarchiques, les rites et coutumes du pays, la géographie du pays).

Et c'est peut-être ce thème qui pour moi a le plus de valeur dans cette série. En effet, j'ai toujours trouvé les coutûmes et les traditions d'un pays importantes, et non pas simplement d'un point de vue patrimonial (chose que je trouve très triviale). Non, tout cela est un symbole pour le peuple qui les pratique. Il s'agit d'une part de son âme, de son identité. Les traditions, les rites et les coutûmes véhiculent un sens, une signification. Elles ont un sens magique, car elles lient un peuple dans une communion de destinée.

Oui, un pays a une âme, un pays a une destinée, tant que ses traditions et ses coutûmes sont encore observées, tant que son histoire est honorée. C'est ce qui fait en partie la force des pays traditionnels comme la Russie. Un peuple qui entretient sa mémoire est un peuple qui reste ferme face aux tentations extrêmes du futur, comme l'oubli, la fuite en avant, le positivisme illogique, la dégénérescence physique, morale et psychologique.

 

Il est de mon avis que l'autrice a perçu la dimension magique et symbolique des rites, traditions et coutûmes. Je trouve même dans l'identité culturelle, cultuelle et traditionnelle de son royaume de Pierre d'Angle une certaine forme fantasmée de la France. Les noms des personnages sont tous purement français et comportent des noms de lieu français (ex : les Corbières), ce qui est très rafraichissant pour le genre très saxon de la fantasy. L'État monarchique est ouvertement socialiste (éducation gratuite pour tous) par tradition. Il est même fait une référence aux réformes du gouvernement français ces dernières années avec un passage où une conseillère du souverain émet l'idée, fortement réprouvée, de rendre l'éducation payante pour certains, et moins pour d'autres.

 

Enfin, que serait cette série sans l'ajout discret mais non moins prégnant d'éléments mystiques ?

Tout d'abord, l'Amour existe. Les "couples parfaits" existent. Derrière l'inévitable apparence fleur bleue se cache le divin. Les "couples parfaits" sont désignés à leur naissance par une fleur blanche sur leurs fronts. Le destin les fait se rencontrer, et les fait rester ensemble. Mieux encore, le précédent couple parfait rencontre le couple à venir avant de mourir, leur passant le flambeau. Il est dit dans l'histoire que c'est le moyen qu'a trouvé l'Amour pour rappeler aux hommes et aux femmes sa présence, son existence. Cet élément est certes superficiel, mais je l'aime bien dans la façon qu'a l'autrice de l'utiliser dans son histoire et, surtout, de le décrire.

Ensuite, les guerriers spirituels existent. Des personnages ayant une grande lucidité sur la vie et sur ces processus parsèment l'histoire. Ils s'intérèssent à tout ce qui compose l'univers, font preuve de compassion envers les autres, les soignent, leur enseignent, ont recours a des outils spirituels pour s'orienter dans leur vie. Ils acceptent les épreuves de l'existence, et même, meurent dans la paix de l'esprit.

 

https://www.youtube.com/watch?v=rs5bc_P1kKo

 

Voila donc les quelques éléments qui sont à l'origine, selon moi, de l'atmosphère subtile de la série, et me la font apprécier tout particulièrement. J'ai conscience que cet article est un peu brouillon, et que mes explications sont parfois morcelaires et incomplètes. J'aimerais que vous preniez ça comme une preuve de la remarquable difficulté à expliquer la Beauté de cette série, celle-ci dûe à sa très grande subtilité.

 

Personnellement, j'aimerais terminer en disant que je range cette série dans la même catégorie que Les Éveilleurs de Pauline Alphen ou La Passe-miroir de Christelle Dabos. Tous des romans à la Beauté éclatante de subtilité dûe, en grande partie, à l'amour profond de l'écriture et de la narration.

Aux autrices de cette catégorie, je tire encore une fois bien bas mon chapeau.

 

 


14/02/2020
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Les Religions

 

À titre personnel, j'ai toujours été attiré par les religions. J'ai commencé à aimer aller à la messe parce qu'on y chante. Quand j'ai commencé à aller à l'aumonerie au collège, c'était pour moi l'endroit où l'on nous posait des questions intéressantes auxquelles j'aimais réfléchir et répondre.

La religion a donc un lien très fort avec le genre de réflexion que j'aime. On y réfléchit sur la vie, mais pas celle de tous les jours. Plutôt celle qui pousse à devenir meilleur, celle qui a un sens clair : s'améliorer avec le temps.

Aussi, je le dis clairement, la religion m'a aidé à donner un sens à la vie, via notamment l'existence d'un Dieu. Cette façon de pensée est tellement implantée chez moi, qu'enlever l'existence d'un esprit divin est un non-sens extrême qui fausse l'intégralité de ma vie.

Dans ma vie, Dieu existe. Ce fait est la pierre angulaire de mon existence. C'est le rocher sur lequel je m'appuie quand tout le reste me fait défaut. Sans cela, j'aurais connu bien plus de dépression que ce que j'ai expérimenté jusqu'à présent. Les gens qui disent que Dieu est une béquille aidant à supporter la peur de la mort n'ont pas tord. Dieu est bien mon utlime béquille devant la peur, la terreur, la mort. Et alors ? Les êtres humains sont naturellement des estropiés. Un homme à qui il manque une jambe et qui refuse qu'on l'aide à marcher sans est un abruti.

 

Oui, je crois profondément que Dieu existe. Mais pour quelles raisons ? Et surtout, lequel ? Le Dieu du Judaïsme, du Christianisme et de l'Islam sont différents. Et je ne parle même pas des autres religions.

Quand on voit le monde dans lequel on vit pourtant, on est en droit de se poser légitimement la question de l'existence d'un Dieu ou d'une intelligence créatrice. Tout a l'air fou, chaotique.

"Si Dieu existait, le monde serait différent".

J'ai souvent entendu cette phrase quand j'étais petit et que je demandais à certains de mes proches pourquoi ils étaient athés.

 

Aujourd'hui, j'aimerais montrer mes convictions répondant à cette affirmation.

Nous avons tous en tête l'image d'un dieu à la barbe blanche assis sur des nuages, tout-puissant, omnicient, et surtout amour. Or, s'il était amour, il stopperait ces morts horribles et l'injustice.

Quand j'étais petit, je n'avais rien à répondre à cela. Je me disais que ce raisonnement se tenait. Maintenant, je pense que Dieu se garde bien d'intervenir, car ce monde est le nôtre, et non le sien.

Pensons seulement au nombre de parents qui laissent leurs enfants vivre une vie faite de drogues et de plaisirs violents. On se dit que ce sont de mauvais parents. Mais il y en a forcément des bons qui ont tout fait pour empêcher leurs enfants d'aller vers la drogue : ils les ont prévenus, ils les ont "punis" à leur manière, etc. Mais quand quelqu'un veut faire quelque chose, que peuvent faire les autres ? Rien. Ce que l'homme est déterminé à faire, il le fera.

Or, des avertissements et des enseignements que l'on dit d'origine divine concernant la guerre, la mauvaise conduite, etc., il y en a. Des livres, des maîtres, sont venus à nous pour nous prévenir des dangers de ces comportements.

Dieu peut-il faire quelque chose de plus ? S'il le faisait, il violerait notre nature humaine, notre libre-arbitre. Il nous enlèverait quelque chose de très précieux : notre indépendance, notre volonté.

 

Que vaut-il mieux ? Qu'est-ce qui est le plus beau ? Que Dieu règle tous les problèmes de l'humanité à sa place ? Ou bien que l'humanité choisisse de régler ses problèmes et y parvienne en faisant usage de son libre choix ?

J'ai ma réponse personnelle. J'aurais honte de moi, et je serais terriblement en colère si Dieu faisait tout à notre place. Demandez à mes parents, à mes professeurs, si parfois je n'en ai pas assez que l'on me mâche le travail.

 

Ainsi, le monde est bien tel qu'il est, et Dieu existe. Prétexter l'état du monde pour prouver l'inexistence de Dieu est pour moi un aveu de paresse. "Moi qui te parle, j'ai la flemme de participer à la résolution des problèmes de l'humanité". En effet, ils aimeraient bien que Dieu donne un coup de baguette magique et que leur chambre soit propre sans qu'ils aient quoi que ce soit à faire.

 

Quant à l'identité du Dieu auquel je crois, et bien elle m'est toujours inconnue. Le nombre de religions sur Terre m'a toujours paru étrange. Toutes disent avoir la vérité, et personne n'est d'accord. Vous imaginez si vraiment une seule était vraie ? Alors un nombre écrasant d'hommes et de femmes se retrouveraient en enfer... Une vraie roulette russe où tu as plus de chance de perdre que de gagner... Non, c'est un autre non-sens.

J'y ai réfléchi, et je me suis dit que Dieu était tellement grand qu'il avait fractionné son enseignement sous la forme de plusieurs religions. Donc, que toutes les religions avaient une partie de la Vérité, et qu'il fallait toutes les étudier. C'est ce que j'ai fait jusqu'à présent.

J'ai mes préférences. Je fais des allers-retours entre le christianisme à tendance orthodoxe et l'Islam, avec parfois quelques détours par le bouddhisme. Mais il m'est impossible de me fixer quelque part de façon définitive, quand bien même j'en ai parfois l'envie.

Ainsi, le Dieu en lequel je crois est un Dieu infiniment personnel. Il se révèle à moi de façon progressive, insoupçonnée. Toujours Il me surprend. Il est là où je ne m'y attends pas.

Parfois, pour me donner du répis, Il se révèle sous la forme bien connue de Jésus ou de la Sainte-Trinité. Parfois, il prend une forme plus sévère et immatérielle qui fait penser à l'Islam. La plupart du temps, Il reste un Être au-delà des limitations du dogme religieux, que je perçois à ma manière et que je serais bien en peine de vous décrire.

 

Cela dit, je peux vous dire ce quime plaît dans les différentes religions que j'ai pu étudier.

J'ai découvert à l'adolescence le bouddhisme. Et encore aujourd'hui, c'est le système religieux que je considère comme le moins corrompu par les guerres et luttes intestines. L'idée d'être sur la voie de l'Éveil, de faire des efforts pour y parvenir à travers la méditation et les enseignements du Bouddha me plaisent. De même, le soutra du coeur et sa mystique ont de quoi frapper :

 

"Ici ??riputra, forme est vacuité et vacuité est forme ; forme n’est autre que vacuité, vacuité n’est autre que forme ; là où il y a forme, il y a vacuité, là où il y a vacuité, il y a forme ; ainsi en est-il des sensations, des notions, des facteurs d’existence et de la connaissance discriminative.

Ici ??riputra, tous les phénomènes (dharma : phénomènes conditionnés et inconditionnés) ont pour caractéristique la vacuité ; ils sont sans naissance, sans annihilation, sans souillures et sans pureté, sans déficience et sans plénitude.

En conséquence, ??riputra, dans la vacuité, il n’y a ni forme, ni sensation, ni notion, ni facteur d’existence ni connaissance discriminative ; ni œil, ni oreille, ni nez, ni langue, ni corps, ni mental ; ni formes, ni sons, ni odeurs, ni goûts, ni objets tangibles, ni objets mentaux ; ni élément de la vue jusqu’à ni élément de la connaissance mentale ; ni absence de Vue, ni cessation de l’absence de Vue jusqu’à ni déclin et mort, ni cessation du déclin et mort ; ni souffrance, ni origine, ni extinction, ni Sentier ; ni connaissance, ni obtention, ni absence d’obtention."

 

J'ai rapidement survolé le shintoïsme sans trop m'y attarder. Cet ensemble de croyances forme un tout très disparate et lâche, et je n'avais pas spécialement l'envie de m'y intéresser plus que cela.

 

Et puis, après plusieurs années à vagabonder dans le bouddhisme, l'Islam s'est trouvé sur ma route. Ce fut mon retour dans les religions monothéistes. Plusieurs choses me plaisent avec l'Islam. L'insistance sur cette idée du Dieu unique martelé comme un rappel, et la nécessité pour l'homme de le vénérer. Cela m'a instigué une certaine crainte de Dieu que je n'avais pas forcément jusqu'à présent. Non pas que Dieu soit devenu une source de peur. Simplement, l'Islam m'a fait prendre conscience que Dieu est un sujet important à ne pas sous-estimer. Autre point : le Coran. L'écouter en langue arabe apporte toujours quelque chose, même si on ne comprend rien. C'est même mieux comme ça. Le Coran est un recueil poétique où chaque verset rime. J'aime cette idée de Dieu poète. Le fait que les hommes récitent ces poèmes en chantant est d'autant plus fait pour me plaire.

 

https://www.youtube.com/watch?v=_a3nZnLAxdE

 

Je recommande à tout le monde de lire au moins une fois le Coran, c'est important. Non pas pour se convertir, mais par simple nécessité de se faire son opinion sur une religion que beaucoup craignent de nos jours. Quand on sait ce qu'est le Coran, on devient moins enclin à craindre les musulmans, et on se met à les comprendre.

 

Enfin, je suis revenu au christianisme par la porte de l'orthodoxie. J'en suis parti pendant mon adolescence, emportant avec moi cette idée d'un Dieu unique qui est Amour. J'y suis revenu, un peu par hasard. L'Islam m'avait remis en contact avec le monothéisme. Ma rencontre avec une russe m'a fait découvrir le christianisme oriental.

Je croyais tout savoir du christianisme. Je pensais qu'il s'agissait d'une religion vieillote, faite pour les personnes âgées, complètement dépassée et couverte de poussière. Je pensais aux églises de pierre majestueuses, mais vides et sans émotion. Je pensais au pape, au clergé et à tous ses problèmes. Je pensais à l'inquisition et aux persécutions exercées par l'Eglise. Je pensais à ces messes où l'on chante certes, mais où l'on s'ennuit aussi. Je pensais à ces tentatives, presque ridicules quand j'y pense, pour faire participer les laïcs aux messes, surtout les enfants. Bref, je pensais que le christianisme, c'était une religion sur le déclin, pas du tout intéressante, un mouroir.

Sauf que ce n'était que le christianisme catholique/protestant.

C'était sans compter sur le christianisme orthodoxe.

Imaginez ma stupeur lorsque j'ai pénétré au coeur d'une liturgie orthodoxe pour la première fois. Une messe faite de couleurs, de peintures, de lumière, de chaleur. Une messe où les fidèles sont de tous les âges, du nourisson au vieillard. Une messe où les prètres sont habillés de de vêtements dorés magnifiques. Une messe où la solennité et la sacralité du rite sont préservées. Dit comme ça, on ne dirait pas, mais ça fait une énorme différence. Dans une société où la solennité et la sacralité ont été évacuées progressivement de toutes les activités humaines pour les rendre "normales", se retrouver dans un véritable espace sacré fait très drôle.

Les catholiques et les protestants ont voulu séculariser leurs cérémonies. Pas les orthodoxes. Une liturgie est un moment sacré, et tout le monde en est conscient. Tout le monde le ressent.

C'est ce sacré qui, plus que tout, m'a plu chez l'orthodoxie. Ce courant m'a fait redécouvrir le christianisme sous un jour nouveau. Toute la richesse théologique du christianisme m'est devenue accessible. Dieu est amour, car Dieu est devenu homme afin que les hommes deviennent des dieux. Voila le vrai fondement du christianisme.

Un Dieu qui se rend accessible afin que l'homme et la femme puissent participer à sa divinité.

Quelle théologie autre que celle du christianisme a developpé un tel Dieu ?

 

https://www.youtube.com/watch?v=cIhtVOcuaTk

 

Voilà.

 

 


07/12/2019
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