Plume doigt

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Les Religions

 

À titre personnel, j'ai toujours été attiré par les religions. J'ai commencé à aimer aller à la messe parce qu'on y chante. Quand j'ai commencé à aller à l'aumonerie au collège, c'était pour moi l'endroit où l'on nous posait des questions intéressantes auxquelles j'aimais réfléchir et répondre.

La religion a donc un lien très fort avec le genre de réflexion que j'aime. On y réfléchit sur la vie, mais pas celle de tous les jours. Plutôt celle qui pousse à devenir meilleur, celle qui a un sens clair : s'améliorer avec le temps.

Aussi, je le dis clairement, la religion m'a aidé à donner un sens à la vie, via notamment l'existence d'un Dieu. Cette façon de pensée est tellement implantée chez moi, qu'enlever l'existence d'un esprit divin est un non-sens extrême qui fausse l'intégralité de ma vie.

Dans ma vie, Dieu existe. Ce fait est la pierre angulaire de mon existence. C'est le rocher sur lequel je m'appuie quand tout le reste me fait défaut. Sans cela, j'aurais connu bien plus de dépression que ce que j'ai expérimenté jusqu'à présent. Les gens qui disent que Dieu est une béquille aidant à supporter la peur de la mort n'ont pas tord. Dieu est bien mon utlime béquille devant la peur, la terreur, la mort. Et alors ? Les êtres humains sont naturellement des estropiés. Un homme à qui il manque une jambe et qui refuse qu'on l'aide à marcher sans est un abruti.

 

Oui, je crois profondément que Dieu existe. Mais pour quelles raisons ? Et surtout, lequel ? Le Dieu du Judaïsme, du Christianisme et de l'Islam sont différents. Et je ne parle même pas des autres religions.

Quand on voit le monde dans lequel on vit pourtant, on est en droit de se poser légitimement la question de l'existence d'un Dieu ou d'une intelligence créatrice. Tout a l'air fou, chaotique.

"Si Dieu existait, le monde serait différent".

J'ai souvent entendu cette phrase quand j'étais petit et que je demandais à certains de mes proches pourquoi ils étaient athés.

 

Aujourd'hui, j'aimerais montrer mes convictions répondant à cette affirmation.

Nous avons tous en tête l'image d'un dieu à la barbe blanche assis sur des nuages, tout-puissant, omnicient, et surtout amour. Or, s'il était amour, il stopperait ces morts horribles et l'injustice.

Quand j'étais petit, je n'avais rien à répondre à cela. Je me disais que ce raisonnement se tenait. Maintenant, je pense que Dieu se garde bien d'intervenir, car ce monde est le nôtre, et non le sien.

Pensons seulement au nombre de parents qui laissent leurs enfants vivre une vie faite de drogues et de plaisirs violents. On se dit que ce sont de mauvais parents. Mais il y en a forcément des bons qui ont tout fait pour empêcher leurs enfants d'aller vers la drogue : ils les ont prévenus, ils les ont "punis" à leur manière, etc. Mais quand quelqu'un veut faire quelque chose, que peuvent faire les autres ? Rien. Ce que l'homme est déterminé à faire, il le fera.

Or, des avertissements et des enseignements que l'on dit d'origine divine concernant la guerre, la mauvaise conduite, etc., il y en a. Des livres, des maîtres, sont venus à nous pour nous prévenir des dangers de ces comportements.

Dieu peut-il faire quelque chose de plus ? S'il le faisait, il violerait notre nature humaine, notre libre-arbitre. Il nous enlèverait quelque chose de très précieux : notre indépendance, notre volonté.

 

Que vaut-il mieux ? Qu'est-ce qui est le plus beau ? Que Dieu règle tous les problèmes de l'humanité à sa place ? Ou bien que l'humanité choisisse de régler ses problèmes et y parvienne en faisant usage de son libre choix ?

J'ai ma réponse personnelle. J'aurais honte de moi, et je serais terriblement en colère si Dieu faisait tout à notre place. Demandez à mes parents, à mes professeurs, si parfois je n'en ai pas assez que l'on me mâche le travail.

 

Ainsi, le monde est bien tel qu'il est, et Dieu existe. Prétexter l'état du monde pour prouver l'inexistence de Dieu est pour moi un aveu de paresse. "Moi qui te parle, j'ai la flemme de participer à la résolution des problèmes de l'humanité". En effet, ils aimeraient bien que Dieu donne un coup de baguette magique et que leur chambre soit propre sans qu'ils aient quoi que ce soit à faire.

 

Quant à l'identité du Dieu auquel je crois, et bien elle m'est toujours inconnue. Le nombre de religions sur Terre m'a toujours paru étrange. Toutes disent avoir la vérité, et personne n'est d'accord. Vous imaginez si vraiment une seule était vraie ? Alors un nombre écrasant d'hommes et de femmes se retrouveraient en enfer... Une vraie roulette russe où tu as plus de chance de perdre que de gagner... Non, c'est un autre non-sens.

J'y ai réfléchi, et je me suis dit que Dieu était tellement grand qu'il avait fractionné son enseignement sous la forme de plusieurs religions. Donc, que toutes les religions avaient une partie de la Vérité, et qu'il fallait toutes les étudier. C'est ce que j'ai fait jusqu'à présent.

J'ai mes préférences. Je fais des allers-retours entre le christianisme à tendance orthodoxe et l'Islam, avec parfois quelques détours par le bouddhisme. Mais il m'est impossible de me fixer quelque part de façon définitive, quand bien même j'en ai parfois l'envie.

Ainsi, le Dieu en lequel je crois est un Dieu infiniment personnel. Il se révèle à moi de façon progressive, insoupçonnée. Toujours Il me surprend. Il est là où je ne m'y attends pas.

Parfois, pour me donner du répis, Il se révèle sous la forme bien connue de Jésus ou de la Sainte-Trinité. Parfois, il prend une forme plus sévère et immatérielle qui fait penser à l'Islam. La plupart du temps, Il reste un Être au-delà des limitations du dogme religieux, que je perçois à ma manière et que je serais bien en peine de vous décrire.

 

Cela dit, je peux vous dire ce quime plaît dans les différentes religions que j'ai pu étudier.

J'ai découvert à l'adolescence le bouddhisme. Et encore aujourd'hui, c'est le système religieux que je considère comme le moins corrompu par les guerres et luttes intestines. L'idée d'être sur la voie de l'Éveil, de faire des efforts pour y parvenir à travers la méditation et les enseignements du Bouddha me plaisent. De même, le soutra du coeur et sa mystique ont de quoi frapper :

 

"Ici ??riputra, forme est vacuité et vacuité est forme ; forme n’est autre que vacuité, vacuité n’est autre que forme ; là où il y a forme, il y a vacuité, là où il y a vacuité, il y a forme ; ainsi en est-il des sensations, des notions, des facteurs d’existence et de la connaissance discriminative.

Ici ??riputra, tous les phénomènes (dharma : phénomènes conditionnés et inconditionnés) ont pour caractéristique la vacuité ; ils sont sans naissance, sans annihilation, sans souillures et sans pureté, sans déficience et sans plénitude.

En conséquence, ??riputra, dans la vacuité, il n’y a ni forme, ni sensation, ni notion, ni facteur d’existence ni connaissance discriminative ; ni œil, ni oreille, ni nez, ni langue, ni corps, ni mental ; ni formes, ni sons, ni odeurs, ni goûts, ni objets tangibles, ni objets mentaux ; ni élément de la vue jusqu’à ni élément de la connaissance mentale ; ni absence de Vue, ni cessation de l’absence de Vue jusqu’à ni déclin et mort, ni cessation du déclin et mort ; ni souffrance, ni origine, ni extinction, ni Sentier ; ni connaissance, ni obtention, ni absence d’obtention."

 

J'ai rapidement survolé le shintoïsme sans trop m'y attarder. Cet ensemble de croyances forme un tout très disparate et lâche, et je n'avais pas spécialement l'envie de m'y intéresser plus que cela.

 

Et puis, après plusieurs années à vagabonder dans le bouddhisme, l'Islam s'est trouvé sur ma route. Ce fut mon retour dans les religions monothéistes. Plusieurs choses me plaisent avec l'Islam. L'insistance sur cette idée du Dieu unique martelé comme un rappel, et la nécessité pour l'homme de le vénérer. Cela m'a instigué une certaine crainte de Dieu que je n'avais pas forcément jusqu'à présent. Non pas que Dieu soit devenu une source de peur. Simplement, l'Islam m'a fait prendre conscience que Dieu est un sujet important à ne pas sous-estimer. Autre point : le Coran. L'écouter en langue arabe apporte toujours quelque chose, même si on ne comprend rien. C'est même mieux comme ça. Le Coran est un recueil poétique où chaque verset rime. J'aime cette idée de Dieu poète. Le fait que les hommes récitent ces poèmes en chantant est d'autant plus fait pour me plaire.

 

https://www.youtube.com/watch?v=_a3nZnLAxdE

 

Je recommande à tout le monde de lire au moins une fois le Coran, c'est important. Non pas pour se convertir, mais par simple nécessité de se faire son opinion sur une religion que beaucoup craignent de nos jours. Quand on sait ce qu'est le Coran, on devient moins enclin à craindre les musulmans, et on se met à les comprendre.

 

Enfin, je suis revenu au christianisme par la porte de l'orthodoxie. J'en suis parti pendant mon adolescence, emportant avec moi cette idée d'un Dieu unique qui est Amour. J'y suis revenu, un peu par hasard. L'Islam m'avait remis en contact avec le monothéisme. Ma rencontre avec une russe m'a fait découvrir le christianisme oriental.

Je croyais tout savoir du christianisme. Je pensais qu'il s'agissait d'une religion vieillote, faite pour les personnes âgées, complètement dépassée et couverte de poussière. Je pensais aux églises de pierre majestueuses, mais vides et sans émotion. Je pensais au pape, au clergé et à tous ses problèmes. Je pensais à l'inquisition et aux persécutions exercées par l'Eglise. Je pensais à ces messes où l'on chante certes, mais où l'on s'ennuit aussi. Je pensais à ces tentatives, presque ridicules quand j'y pense, pour faire participer les laïcs aux messes, surtout les enfants. Bref, je pensais que le christianisme, c'était une religion sur le déclin, pas du tout intéressante, un mouroir.

Sauf que ce n'était que le christianisme catholique/protestant.

C'était sans compter sur le christianisme orthodoxe.

Imaginez ma stupeur lorsque j'ai pénétré au coeur d'une liturgie orthodoxe pour la première fois. Une messe faite de couleurs, de peintures, de lumière, de chaleur. Une messe où les fidèles sont de tous les âges, du nourisson au vieillard. Une messe où les prètres sont habillés de de vêtements dorés magnifiques. Une messe où la solennité et la sacralité du rite sont préservées. Dit comme ça, on ne dirait pas, mais ça fait une énorme différence. Dans une société où la solennité et la sacralité ont été évacuées progressivement de toutes les activités humaines pour les rendre "normales", se retrouver dans un véritable espace sacré fait très drôle.

Les catholiques et les protestants ont voulu séculariser leurs cérémonies. Pas les orthodoxes. Une liturgie est un moment sacré, et tout le monde en est conscient. Tout le monde le ressent.

C'est ce sacré qui, plus que tout, m'a plu chez l'orthodoxie. Ce courant m'a fait redécouvrir le christianisme sous un jour nouveau. Toute la richesse théologique du christianisme m'est devenue accessible. Dieu est amour, car Dieu est devenu homme afin que les hommes deviennent des dieux. Voila le vrai fondement du christianisme.

Un Dieu qui se rend accessible afin que l'homme et la femme puissent participer à sa divinité.

Quelle théologie autre que celle du christianisme a developpé un tel Dieu ?

 

https://www.youtube.com/watch?v=cIhtVOcuaTk

 

Voilà.

 

 



07/12/2019
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