Plume doigt

La neige venait se poser délicatement contre les carreaux en verre des fenêtres. Dehors, le ciel d'un gris mat se découpait derrière les branches nues du chêne. Noir sur gris.

Le froid poussait à se rassembler, à se concentrer dans les foyers. L'hiver, c'est le temps des comtes au coin du feu ; le temps des grand-mères et des grand-pères avec leurs innombrables petit-enfants. Leurs histoires de jadis et de naguère coulent alors de bouche à oreille, et ainsi la tradition se perpétue.

Belle saison que l'hiver. C'est le temps où l'on écoute et où l'on apprend.

À l'intérieur brillent les bougies, cierges et autres candélabres. Les chandeliers luminescents sont suspendus au plafond. Les lumières s'allument au fur et à mesure que viennent les gens. Plus nombreuses les personnes, plus nombreuses les lampes.

Les lueurs s'agitent, dansent douées de vie. Elles font reluire les couleurs, les peintures faites d'or, de brun, de foncé. Nues ou habillées d'un cadre, les icônes s'unissent aux lumières venues les visiter pour un temps. Elles transmettent, font le lien, sont des ponts et des passerelles de la tradition. Les icônes racontent leurs histoires au coin des flammes des bougies devant leurs innombrables petits enfants.

Et la Bonne Nouvelle ruisselle des marches menant à l'iconostase, comme surgissant de ce qui se tient derrière les portes royales. Petits comme grands, personne n'y reste foncièrement indifférent.

Et Dieu avec nous parla du coeur des hommes. Il dit : "le coeur d'un petit enfant est vaste comme l'océan. Prenez garde au vôtre, car qui coule dans un océan sera sauvé par une baleine. Mais quel est le poisson qui vous viendra en aide si  vous coulez dans un étang ?"