Plume doigt

Plume doigt

Le respect

Tu sais, Léo, ce n'est pas que les êtres humains soient mauvais. En chaque être se trouve la fleur et l'ordure. Et l'ordure, tout autant que la fleur, mérite ton respect.

Combien, Léo ? Combien d'êtres humains se mutilent devant l'ordure qu'ils sentent en eux ?

Les drogués, les désespérés, les suicidés. Vois-tu la légion humaine des auto-damnés ?

Alors garde ton coeur ouvert, Léo, le plus possible.

Vis avec le respect du genre humain, Léo. Car si le respect te quitte, qui te gardera des insultes de ton esprit devant ta propre misère ?

 

Sans le respect, tu deviendras ton plus grand bourreau, Léo. C'est le respect qui te donne la capacité à traiter humainement.

Sans le respect, qu'est-ce que sera l'homme à tes yeux, sinon un animal ?

 

Garde toi aussi de vénérer de faux concepts idéalisés, Léo. Si tu respectes davantage la paix que l'homme, tu craches sur l'homme.

Si tu respectes le fort, tu craches sur le faible.

Garde ton respect loin des concepts, Léo. Respecte le genre humain. Respecte particulièrement ceux qui ne savent même plus se respecter eux-mêmes.

 

On veut nous faire croire, Léo, que l'humanité est indigne de respect. Insurge toi devant une telle volonté : on essaye de te déposséder du respect que tu te portes. On veut faire de toi un animal, une bête ! Le respect est tout ce qui peut te préserver de la bête stupide.

Alors, respecte le lâche, respecte l'ignoble, respecte le traître, respecte le menteur, respecte le pollueur.

Respecte le raciste, respecte le pédophile, respecte l'assassin.

Respecte les tous, Léo, car ainsi tu te respectes toi-même.

Respecte les, Léo, car tu refuses de te haïr.

Respecte les car tu seras ainsi un résistant à l'oppression du monde.

Respecte autrui Léo, comme tu voudrais que l'on te respecte. C'est en effet toujours en donnant que l'on reçoit.

 

 

 

Qu'il est dur, Léo, d'être celui qui souffre de ce qu'il croit être.

Méfis-toi, Léo, de ce que tu crois être. Car ce sont des croyances. Et la vérité et la croyance sont ennemies incompatibles.

 

En fait, Léo, il importe peu de savoir ce que tu crois être. C'est faux dans tous les cas.

 

"Je crois que je suis" ne signifie pas que je suis. "Je suis" est la seule vérité vraie. Tout le reste découle de cette vérité immortelle et est donc relative, mortelle.

"Je suis un assassin". Dès que le "Je suis" se retire, que peut-être un assassin ? Je suis une ordure seulement tant que je veux l'être, Léo. C'est là le secret.

Ordure, saint, homme, femme, enfant, adulte... Si je cesse d'être ceci, alors je suis cela.

 

Et toi Léo, que veux-tu être ?

 



15/03/2020
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